Extraits de la lettre aux chefs d’établissement, aux professeurs, aux parents et à tous les membres des Communautés éducatives de l’Enseignement catholique du diocèse de Saint Etienne, à propos de l'entrée de l'idéologie du gender à l'école :
"[...] Le gouvernement affirme que la théorie du genre n’est pas enseignée à l’école et qu’elle n’est pas dans les programmes de l’éducation nationale. Il convient de rappeler qu’au sens strict et philosophique du terme on parle plus souvent des « études de genre » et non de « théorie ». En ce sens, il n’existe pas explicitement une ligne du programme de l’Education nationale portant le titre de « Théorie du Genre ». En revanche, de nombreux domaines de l’éducation et de la culture sont aujourd’hui concernés par des expérimentations très concrètes de la mise en application de ces « études de genre ». [...] Si les partisans des études sur le genre souhaitaient provoquer un débat de société sans pour autant conduire à une nouvelle éducation, cela serait l’expression d’une opinion parmi beaucoup d’autres et serait respectable. Mais nous assistons à la volonté d’imposer une « nouvelle humanité » en ouvrant un chemin radical de déconstruction. En effet les études de genre ne s’arrêtent malheureusement pas au constat d’une distinction entre l’inné et l’acquis. Les idéologues qui orientent aujourd’hui le gouvernement sur ces questions vont jusqu’à affirmer que toute représentation de la différence des sexes relève d’un préjugé, ou que le masculin et le féminin sont des constructions sociales et historiques qui doivent être combattues. Comment peut-on affirmer que la biologie ne devrait être pour rien dans la construction sexuelle ? Ce serait là, dit-on, une libération salutaire ! C’est ici qu’apparaît une rupture que nous ne pouvons pas suivre. Il y a en effet un donné naturel, physique, biologique, qui s’impose à nous. Nous ne sommes pas libres déjà d’exister, de respirer et d’avoir à nous nourrir, de naître dans tel lieu, à tel moment de l’histoire, nous ne sommes pas libres de notre famille, ni a fortiori d’être un garçon ou une fille : cela s’impose à nous. Comme toujours la vérité est dans l’équilibre entre deux principes : notre condition naturelle biologique oriente nécessairement la construction de notre vie et d’un autre coté notre éducation et plus largement la culture conditionnent notre unité. La déconstruction, c’est à dire la disjonction entre l’origine biologique et l’orientation sexuelle, que prône la pensée inhérente aux études de genre, conduit inexorablement à déstabiliser la lente édification de la maturité dans l’éducation d’un enfant.Que propose l’Enseignement catholique du diocèse de Saint Etienne ?
En premier lieu nous souhaitons réaffirmer la primauté des parents dans l’éducation : les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants. C’est à eux de fixer les orientations éducatives qui concernent la construction de leurs enfants. La scolarisation, si elle est effectivement la socialisation d’un enfant, ne doit jamais conduire à le déraciner au risque de disqualifier l’autorité parentale. D’où l’impérieuse nécessité pour nous de faciliter et soutenir l’implication des parents dans l’éducation de leurs enfants. S’il est vrai que l’éducation d’un enfant passe par des phases de socialisation, il est essentiel de bien comprendre que cette socialisation n’est qu’un moyen pour faire l’apprentissage de la relation dans le respect du bien, du beau et du vrai, et ainsi de préparer l’engagement et la prise de responsabilité des futures générations. Considérer la socialisation comme un objectif en soi pourrait conduire à penser qu’il faut « arracher » l’enfant au déterminisme de sa famille, ce qui nous semble indéfendable. Par ailleurs, rappelons que l’éducation dans nos établissements catholiques a pour ambition de développer une formation intégrale : chaque élève est d’abord une personne humaine d’une dignité égale, avec une vie physique, affective, intellectuelle et spirituelle.Nous voulons éduquer toutes ces dimensions dans l’unité et dans le respect de l’origine biologique, culturelle et spirituelle de chaque enfant.
Un autre principe de l’éducation spécifique que nous proposons aux familles qui nous font confiance concerne l’apprentissage de la relation : pour aider un enfant ou un jeune à construire sa vie de manière juste et responsable, nous devons lui ouvrir le chemin de sa relation aux autres par la compréhension de son identité et de la complémentarité des différences, notamment sexuelles. Nous sommes ainsi dans une démarche de promotion de l’égale dignité de l’homme et de la femme en réaffirmant leur spécificité et leur la complémentarité. La lutte contre les inégalités annoncée par le Ministère de l’Education nationale part d’un présupposé qu’il existe au sein des établissements scolaires des conflits fréquents entre filles et garçons ou d’une manière générale des injustices discriminatoires dans notre société. Nous n’avons jamais eu d’échos de telles difficultés dans les établissements scolaires de notre diocèse, mais on peut imaginer que nos cours de récréation sont le théâtre d’inévitables chamailleries entre les élèves aux causes très diverses. Nous pensons qu’il serait grave d’obérer l’équilibre des enfants avec le prétexte de ces prétendus conflits, en ouvrant un chemin de confusion autour de la construction de leur identité féminine ou masculine.
Il est indéniable que l’idéologie qui traverse ces études est désormais bien présente dans certains choix littéraires, dans les vidéos de certaines séquences pédagogiques, ou encore à l’occasion de certaines campagnes de lutte contre les discriminations et pour l’égalité entre filles et garçons. Dans ce contexte nos établissements ne peuvent pas soutenir certaines initiatives nationales ou locales qui promeuvent la déconstruction des repères éducatifs fondateurs d’une éducation réaliste qui recherche l’unité de la personne. Nous ne pouvons pas accepter, par exemple, de relayer la proposition « pédagogique » à destination des écoliers et collégiens du film Tomboy, promu dans le cadre d’un dispositif du Ministère de l’Education Nationale « Ecole et cinéma » ; nous souhaitons faire preuve de discernement face à certains ouvrages dont le titre suggestif cache difficilement l’intention idéologique. Les acteurs de l’Enseignement catholique sont appelés à être des veilleurs, ils devront discerner les propositions pédagogiques et éducatives qu’ils rencontreront en accompagnant les jeunes dans la formation de l’esprit critique afin qu’ils accèdent progressivement à « une vie pleine et libre, une vie digne de l’homme », comme le dit le concile Vatican II. Ces mêmes acteurs sont invités à accueillir toute situation personnelle avec respect, compréhension et bienveillance ; toute sévérité de jugement doit être bannie. Cette attitude d’accueil inconditionnel doit être accompagnée de la proposition de repères anthropologiques pour tous. La posture de l’éducateur doit s’équilibrer entre l’accueil de la situation rencontrée et l’accompagnement de la construction intégrale de la personne. Si le contexte actuel trouble les repères, il nous offre l’opportunité de réexaminer les questions qui nous semblaient évidentes il y a peu de temps. Il est temps de redécouvrir la richesse de la vision chrétienne de l’homme et de la femme, et de la faire découvrir aux jeunes générations. Notre rapport au monde se construit par un dialogue en vérité, fondé sur une proposition éducative désormais originale."
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